RéFAL Niger : l’accès des femmes à la terre et à l’éducation au cœur des priorités
Médecin-Colonel Marie Djika, Administratrice déléguée de la Commune 1 de Niamey
Dans un entretien accordé au quotidien national Le Sahel, le Médecin-Colonel Marie Djika, Administratrice déléguée de la Commune 1 de Niamey et Présidente du Réseau des Femmes Autorités Locales du Niger (RéFAL), a présenté les perspectives et priorités de cette jeune structure qui regroupe l’ensemble des administratrices déléguées du pays. Elle inscrit son action dans la continuité du Réseau des Femmes Élues Locales d’Afrique (REFELA), créé en 2011 à Tanger sous l’impulsion de Cités et Gouvernements Locaux Unis d’Afrique avec l’appui du Maroc. L’objectif est de promouvoir une gouvernance locale sensible au genre, inclusive et paritaire, tout en tenant compte des réalités culturelles et religieuses propres au Niger.
Mis en place il y a deux mois, le bureau exécutif du RéFAL comprend douze membres élues, deux conseillères et une commissaire aux comptes. Malgré sa jeunesse, l’organisation a déjà participé à la rencontre de l’Association des Municipalités du Niger à Zinder et à une mission à Gazaoua, dans la région de Maradi, pour l’élaboration d’un plan d’actions annuel. Ses responsables considèrent que la première étape consiste à donner de la visibilité au réseau à l’échelle nationale et internationale et à mettre en œuvre sans tarder ce plan de travail.
Au cœur des priorités se trouve la question de l’accès des femmes à la terre. Le RéFAL rappelle que le Code rural comme le droit islamique reconnaissent aux femmes le droit d’hériter, mais que des pratiques coutumières persistent à limiter ou à exclure leur accès au foncier. Cette situation freine leur indépendance économique et réduit leur capacité à assurer leur rôle dans la sécurité alimentaire. Le réseau estime que des actions de sensibilisation s’imposent pour lever ces obstacles et faire évoluer les mentalités, en soulignant que dans de nombreuses zones rurales, ce sont essentiellement les femmes qui portent la charge de la subsistance des familles, notamment à travers le maraîchage.
La protection contre les violences basées sur le genre constitue un autre chantier prioritaire. Le RéFAL souligne que ces violences, qu’elles soient physiques, psychologiques ou sexuelles, ne touchent pas seulement les femmes mais affectent aussi les enfants, premiers témoins de ces situations. L’accès aux soins de santé maternelle et à la planification familiale est également mis en avant. L’espacement des naissances est présenté comme un facteur clé pour la santé et l’équilibre des familles. Dans cette optique, l’organisation prévoit de rencontrer les femmes, particulièrement en milieu rural, pour échanger sur ces enjeux spécifiques.
Le réseau accorde par ailleurs une importance capitale à la scolarisation des filles. Si des progrès ont été accomplis, de nombreux freins persistent : éloignement des établissements scolaires, absence de tuteurs, mariages précoces. Beaucoup de jeunes filles prometteuses sont contraintes d’abandonner leurs études à la fin du primaire. Pour le RéFAL, l’éducation reste le levier le plus sûr pour briser le cycle de la précarité et permettre aux filles de contribuer pleinement au développement du pays.
En inscrivant son action autour de l’égalité des chances, de l’accès au foncier, de la protection des femmes et de l’éducation des filles, le RéFAL entend s’affirmer comme un acteur incontournable de la gouvernance locale au Niger. Ses responsables défendent une vision où hommes et femmes agissent en complémentarité et où la diversité est considérée comme une condition essentielle de réussite collective.
Boubacar Guédé (Nigerdiaspora)