Uranium nigérien : l’État du Niger apporte un droit de réponse officiel face aux accusations d’Orano
L’État du Niger a tenu ce samedi 27 décembre 2025 un point de presse conjoint au Palais de la Présidence de la République, afin d’éclairer l’opinion nationale et internationale sur la situation de l’uranium nigérien et d’apporter un droit de réponse officiel aux accusations portées par le groupe Orano.
Ce point de presse a été conjointement animé par le Ministre des Mines, Commissaire-Colonel Abarchi Ousmane, et le Ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux, Chargé des Relations avec les Institutions, Alio Daouda. Il intervient dans un contexte marqué par de fortes tensions autour de l’exploitation de l’uranium, consécutives aux événements du 26 juillet 2023 et aux actes de désorganisation attribués à Orano : retrait du personnel, tentatives d’arrêt de la production, résiliations de licences informatiques et campagnes d’intoxication. Face à ces manquements graves, l’État du Niger a procédé à la nationalisation de la SOMAÏR par ordonnance du 19 juin 2025, afin de préserver la continuité de l’exploitation et la souveraineté nationale.
Un cadre juridique clair et une souveraineté assumée
Les autorités nigériennes ont rappelé que la concession d’Arlit, octroyée en 1968 pour une durée de 75 ans sur 360 km², constitue un droit d’exploitation conditionné et non une propriété du sous-sol, lequel demeure un attribut exclusif de la souveraineté de l’État du Niger. Transférée successivement du CEA à la COGEMA puis à Orano Mining en 2021, cette concession reste soumise au strict respect de la loi minière nigérienne.
Sur cette base, l’État a engagé une procédure conforme au droit après le refus de paiement de la redevance superficiaire prévue par l’ordonnance n°2024-37 du 8 août 2024. Une mise en demeure officielle de six mois a été adressée à Orano Mining le 23 septembre 2025, restée sans suite à ce jour, ouvrant ainsi la voie légale au retrait de la concession d’Arlit, conformément aux dispositions en vigueur de la loi minière.
Un déséquilibre économique historique mis en lumière
Les données présentées lors du point de presse mettent en évidence un déséquilibre structurel majeur dans le partenariat historique autour de la SOMAÏR. Alors que la répartition du capital est de 63,4 % pour Orano et 36,6 % pour l’État du Niger, la commercialisation cumulée de l’uranium sur la période 1971–2024 a largement profité à Orano, contre une part nettement plus faible pour l’État nigérien.
Ce déséquilibre, jamais corrigé, a entraîné un manque à gagner considérable et une sous-valorisation durable de la participation publique. Le ministre de la Justice a également évoqué des pratiques de minoration de la teneur en uranium, assimilées à des actes de spoliation économique, ainsi que l’héritage de plusieurs milliards de francs CFA de dettes et d’impayés laissés par Orano.
Investissements de l’État et continuité de la production
Malgré le retrait d’Orano, l’État du Niger a mobilisé plusieurs milliards de francs CFA de fonds publics, auxquels se sont ajoutés d’importants investissements propres de la SOMAÏR, afin de relancer et maintenir la production. Grâce à ces efforts, près de 2 000 tonnes d’uranium ont été extraites par le labeur des travailleurs nigériens, avec l’appui des services de l’État, démontrant la capacité nationale à assurer l’exploitation de ses ressources stratégiques dans un contexte post-crise.
Fermeté souveraine et ouverture encadrée au partenariat
Les autorités ont réaffirmé que la protection des ressources naturelles constitue un impératif stratégique et juridique, reconnu par le droit international. L’État du Niger se dit inflexible sur le respect de ses droits et de ses lois, tout en restant ouvert à des partenariats crédibles, équilibrés et respectueux, dans l’intérêt supérieur des populations nigériennes et dans le plein respect de la souveraineté nationale.
Visionner ci-dessous l’intégralité du point de presse conjoint tenu à la Présidence de la République, afin de prendre pleinement connaissance de l’ensemble des arguments juridiques, économiques et institutionnels présentés par les autorités nigériennes.
Boubacar Guédé (Nigerdiaspora)