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Perspective : Révélations relatives aux détournements de deniers publics La justice, un chantier primordial pour le CNSP

Plus que les détournements, la mise à sac de ressources, la gouvernance du régime déchu se particularise par la propension à mettre sous contrôle la justice. Elle a été utilisée de manière inique par les tenants du pouvoir de la renaissance. Elle a été abondamment utilisée pour écarter, réduire les adversaires. Le cas de l’opposant politique Hama Amadou est suffisamment illustratif. Il donne toute la mesure de la méchanceté du président Issoufou et ses camarades. On se rappelle qu’il a maintenu son challenger du deuxième tour de la présidentielle en prison. Il battra campagne seul, sans concurrent. Et dire que le pays est en démocratie.

Au cours de cette même campagne électorale pour son deuxième mandat en 2016, tous les lieutenants de Hama Amadou ont été emprisonnés alors qu’ils étaient candidats pour les élections législatives. Et toute honte bue, Issoufou et ses soutiens parlent de démocratie et d’élections équitables au point de se voir décerner le Mo Ibrahim. Les lieutenants seront libérés sans autre forme de procès. Leur séjour en prison passe pour perte et profit. Et les juges responsables de cette situation se lèvent tous les matins et osent se regarder dans un miroir. Pour les plus chanceux, c’est un dossier judiciaire qui est monté. Quelques jours de prison et on donne la liberté provisoire. Histoire de faire planer l’épée de Damoclès. Le dossier ne sera jamais vidé. Le Niger est devenu le pays du provisoire définitif. Pour rompre avec de telles pratiques, il est nécessaire que le CNSP

s’y penche. Certainement, c’est dans ce cadre qu’intervient le réchauffement de l’affaire dite affaire MEBA qui date de la gouvernance de Tandja Mamadou. On se rappelle qu’à l’époque deux ministres, Ary Ibrahim et Harouna Hamani, tous aujourd’hui disparus, ont fait la prison. Des bénéficiaires de marchés non exécutés avaient commencé à payer. Seulement le dossier n’a pas été vidé. Et cette remise à jour n’a rien à avoir avec une prétendue sélectivité. C’est dans l’ordre normal du travail de la justice.

Et c’est un bon début. En vue de vider tous les dossiers de cette dernière décennie et sortir du provisoire définitif. Pour le président Issoufou et ses amis, utiliser la justice pour réduire les adversaires politiques ne suffisait pas. Il l’a aussi été utilisée pour se pour se maintenir à tout prix au pouvoir. Ainsi, la prestigieuse Cour constitutionnelle fut, par la nomination de magistrats très peu soucieux du droit, transformée en une vulgaire chambre d’enregistrement des volontés des princes au pouvoir. En dépit de manifestes fraudes et bourrages d’urnes, elle n’a jamais tenu compte des réclamations et récriminations de différents protagonistes. Pourtant, le Niger regorge de magistrats, d’homme et de femmes au-dessus de tout soupçon. Madame Bazèye entre autres. Non seulement, cette justice aux ordres arrête pour faire plaisir aux princes, fausse le jeu démocratique, mais aussi favorise l’impunité. Nombre d’affaires graves ayant pour protagonistes les princes et leurs courtisans sont purement et simplement ignorées. Depuis le 26 juillet, il y a une véritable rupture avec la gouvernance passée. Déjà, la création d’une structure de lutte contre la délinquance économique, financière et fiscale est un gage donné par les nouvelles autorités. Toute cette volonté ne peut sortir le pays des abîmes dans lesquelles la gouvernance de la renaissance l’a plongé. Il faut reformer complètement le système judiciaire. Il faut commencer d’abord par sévir contre tous les magistrats qui ont d’une manière ou d’une autre trempé dans des affaires qui ne nécessitaient pas emprisonnement. Et qu’on ne vienne pas brandir la fameuse autorité de la chose jugée. En faisant des exemples, plus aucun magistrat ne trempera dans de fumeuses affaires pour le plaisir des princes. Il faut aussi que les commanditaires rendent comptes.

Modibo